Antoine Vieillard

Juillet 2020

Témoignage Antoine Vieillard, technicien

Je me présente, Antoine Vieillard, ancien élève du BTS ABM Session 2020 du Lycée Costebelle (Hyères) et Technicien de laboratoire depuis le 6 Juillet 2020. J’ai intégré le groupe Cerballiance depuis le 11 Mai 2020 en tant qu’aide technique pour la période de crise lié à l’épidémie de COVID-19 sur le plateau de Gassin situé dans le golfe de Saint-Tropez.

Dans un premier temps, j’ai été formé à la vie sur le plateau, gestion de l’automate, prise d’un poste en autonomie et formation au prélèvement nasopharyngé dans le cadre du dépistage COVID-19. Au début du mois de juillet, diverses entreprises du Golfe de Saint-Tropez (restaurants, établissement de plage, boutique, hôtels ...) nous ont contacté afin d’effectuer des dépistages pour leur établissement. Afin de pouvoir faciliter la gestion des dépistages le plus simple pour nous était de nous déplacer.

Nous avons donc dû gérer la vie du plateau technique qui s’occupe des analyses de nos quatre sites périphériques ainsi que toutes les analyses des services de l’hôpital de Gassin avec qui nous travaillons, plus le dépistage. Nous avons dû faire des concessions durant cette période nous laissant que très peu de répit et de marge de manoeuvre. Nos plannings ont donc été annulés, nous avons tous travaillé sans compter, sans regarder les heures car notre objectif était d’être assez nombreux pour gérer le covid mais sans jamais dénigrer la technique en conservant nos durées de rendu analytique. Les tests PCR COVID se comptaient au nombre de mille par jours environ. Nos efforts ont été constants, efficaces et notre investissent tel que l’ARS nous a contacté et n’a pas manqué de nous féliciter, ce qui a re-motivé toute l’équipe et nous a soudé encore plus. L’ARS, au vu de tous nos efforts et nos résultats nous a mandaté afin d’effectuer un plan de dépistage massif de la population. L’objectif étant de dépister toujours plus de personnes, nous avons dû ouvrir le dépistage à nos sites périphériques formant ainsi les préleveurs à l’acte du prélèvement nasopharyngé. Nos quatre sites périphériques ont donc été pris d’assaut afin de réaliser ces dépistages, le tout mêlant angoisse de la population et taux de violence croissant, les gendarmes sont intervenus et la police municipale a fait des rondes afin de tempérer la situation. Face à ces événements un choix a été fait par la direction générale de Cerballiance Cote d’Azur afin de réussir à effectuer les tests demandés tout en protégeant le personnel. Nous avons donc ouvert en partenariat avec la mairie de Grimaud, un site de prélèvement unique dans le golfe de Saint-Tropez permettant de centraliser tous les prélèvements. S’agissant d’un complexe sportif il a fallu l’aménager afin de permettre d’enregistrer des dossiers sur place et des zones de prélèvement. Il a fallu créer 9 box de prélèvements ainsi que 6 postes d’enregistrement. Notre secrétaire du plateau, Emeline, a dû former les secrétaires municipales qui ont été réquisitionnées pour nous aider à l’enregistrement. Quant aux préleveurs, une annonce a parcouru les réseaux sociaux relayés par les différents groupes d’étudiants en pharmacie, en médecine et autres filières du médical ce qui nous a permis de renforcer notre flotte de préleveurs. Après une formation sur le prélèvement nasopharyngé de nos préleveurs, infirmière collaboratrice et de nos étudiants, nous avons pu enchainer les tests, et mettre en place une routine de travail fonctionnelle et efficace.

Nos informaticiens, nos coursiers, tout le staff médical Cerballiance, la gendarmerie, la sécurité civile ainsi que le plateau technique ont été des éléments qui dans une parfaite cohésion et une parfaite mobilisation ont permis à cette opération d’être un franc succès. Il faut aussi remercier l’ensemble des collaborateurs des autres plateaux techniques du groupe Cerballiance puisque dans le Golfe nous nous sommes occupés uniquement du pré-analytique et des envois des échantillons, les analyses étant effectuées sur notre plateau à Nice puisqu’il possède les automates adéquats.

Voici quelques mots du Biologiste du plateau technique de Gassin, Olivier Juvet, exprimant la vision des biologistes de notre groupe sur la crise du COVID-19 :

« Le Covid et la folie autour des tests a été assurément le fait le plus marquant de l’année dans les laboratoires. Nageant en pleine inconnu, tout s’est fait à tâtons, avec une adaptation au fil de l’eau. Accueilli avec la plus grande méfiance au cours du mois de mars à l’époque où les tests n’étaient pas encore disponibles, associé au confinement de la population, le SARS COV-2 a vidé les laboratoires de ses patients et parfois de son personnel jugé fragile. Mais très rapidement, nous avons appris à vivre avec le risque tout en le maitrisant et à relativiser la contagiosité des échantillons. Des procédures ont été mises en place pour y faire face et il semble d’ailleurs que les contaminations du personnel aient été exceptionnelles dans le cadre du travail, du moins pour ce qui concerne notre organisation. Il s’agit là d’une vraie victoire car ce n’était pas acquis au début de l’épidémie. Les tests étant rares au mois de mars- avril, il a fallu beaucoup communiquer pour expliquer nos difficultés et la priorité donnée aux personnes fragiles symptomatiques, aux soignants... A mesure que les tests se démocratisaient, nous avons commencé à ressentir une pression de plus en plus forte sur nos sites de prélèvement avec un pic atteint au début du mois d’août lorsque St Tropez faisait la Une de tous les journaux, non plus pour étaler quelques photos des vacances des stars mais pour mettre en lumière un des plus gros clusters de l’été. La fête avait du plomb dans l’aile... Cette période fut assurément la plus intense et la plus compliquée à gérer nécessitant des mesures exceptionnelles avec le concours de l’ARS et du préfet (recrutement de vigiles pour maitriser les files d’attente, dépistage de masse dans les établissements tropéziens, mise en place d’un centre de dépistage dans un gymnase prêté par la Mairie de Grimaud réalisant près de 8000 tests). Tout le personnel du laboratoire a su se montrer à la hauteur de ce défi en se rendant disponible jour et nuit durant plusieurs semaines... C’était incroyable et je tiens à les féliciter ! ».

Pour résumer mon vécu et celui des techniciens de nos laboratoires, je dirai que le maître mot serait « rapidité d’adaptation » puisqu’en 2 semaines il a fallu être opérationnel, se former, former l’ensemble des renforts face à cette crise, tout en restant solidaire, en s’économisant au mieux pour pouvoir tenir une endurance importante car malheureusement nous ne pouvons pas fixer de date de fin face à cette période sanitaire difficile. Nous avons réussi à garder la tête hors de l’eau grâce à la solidarité, l’esprit de groupe, et un brin de folie qui nous a permis d’extérioriser, de souffler lorsque la fatigue commençait à se faire ressentir. Cette expérience a été très enrichissante, on apprend énormément sur soi et sur les autres, on renforce très vite les liens entre les membres de l’équipe ce qui permet d’avoir un vrai groupe soudé, efficace, motivé et solidaire qui sait comment chacun fonctionne et qui est dès lors prêt à faire face.